Pour en revenir au Lohmann, il illustre bien les limites de l'application simple de l'utilisation des carburants lourds sur un petit moteur.
La mise en route, déjà ! Sans système de préchauffage (qui nécessite un système électrique complexe, avec batterie, relais spécial à temporisation, il faut préchauffer mécaniquement le moteur pour permettre l'inflammation spontanée du gazole (ou pire, de l'huile).
Sur un moteur à essence, le mélange air/carburant s'enflamme au contact de l'étincelle de la bougie quand il est bien dosé. Une étincelle est simple à produire : du courant (alternateur) et rupteur + condensateur, bobine + bougie...
Le carburant lourd (gazole, huile) ne s'enflamme pas seul, il faut le mettre en contact avec de l'air très fortement compressé et chaud. Et encore, il convient de l'injecter sous haute pression (au minimum 175 bars) sous forme de brouillard, c'est le rôle de la pompe et de l'injecteur. Pas simple à concevoir sur un moteur minuscule !
Dans un diesel (ou Diesel avec une majuscule), on ne dose pas la quantité d'air que le moteur avale et comprime, on gère la quantité de carburant injectée. Donc pas de carburateur...
Revenons au Lohmann de l'exemple et appliquons lui tous ces principes.
Il faut faire monter l'air admis en température avant de lui incorporer le gazole... Il y a donc une culasse spéciale montée sur rampe hélicoïdale qui permet de faire varier fortement le volume de la chambre de combustion.
En effet, quand on comprime de l'air, il s'échauffe (voir les lois physiques de Mariotte, Pascal et Lavoisier, recherchez les si vous les ignorez). Si vous prenez une pompe à vélo et que vous pompez violemment en bouchant la sortie d'air, vous ressentirez le fort échauffement du corps de la pompe.
On va agir de même sur le Lohmann, mais en pédalant ! Ça réchauffera la chambre de combustion et le gars qui pédale... Disons que si le galet (c'est un moteur à entraînement par un galet en caoutchouc) ne patine pas sous la compression, si le moteur est en bon état, on peut tabler sur une bonne centaine de mètres en pédalant comme un grimpeur dans le Tourmalet !
Pour simplifier les premiers tours de roue (et donc de moteur), on amène la culasse à compression minimum (Cfausse culasse sur rampe hélicoïdale commandée par poignée tournante) et dès que le mécanisme est entraîné on augmente au maximum la compression. Quand le moteur est chaud (et le pédaleur fatigué, je confirme), on ouvre le robinet de gazole et l'introduction du carburant débute. On n'ouvre pas avant la mise en température, sinon il ne s'enflamme pas et le moteur se noie !
Il y a sur le dessus du cylindre une sorte de carburateur (qui n'en est pas un) équipé d'un boisseau ouvrant l'air et d'une aiguille dosant le gazole. Ces 2 éléments se combinent (mais on ne peut pas parler de mélange) et sont admis dans le carter où tout se comporte comme dans un 2 temps normal.
C'est donc un brouillard de gazole et d'air que le moteur va comprimer et enflammer par compression, mais cette combustion est bien moins efficace que celle d'un moteur où le gazole est injecté sous forte pression directement dans les gaz comprimés. Mais il faut bien qu'un corps gras (gazole) lubrifie le bas moteur... C'est donc un système qui s'approche du 2 temps Diesel sans en être réellement un !
En tous cas, ça fonctionne (même plutôt bien), c'est assez puissant, mais ça fume, ça pue et c'est délicat à gérer, faut un sacré coup de main !
Et tout ça pour quoi ? Économiser quelques centimes sur la consommation par rapport à un 2 temps à essence ? Parce qu'il faut bien entendu comparer la consommation des 2 systèmes à puissance égale...